Lecteur, sais-tu que Nintendo n'a pas commencé sa carrière avec
Zelda ? Sais-tu que Squaresoft n'a pas débuté par
Final Fantasy ? Sais-tu que Sega existait bien avant
Sonic ? Sais-tu que Capcom a bourlingué avant d'accoucher de
Street Fighter ? Sais-tu qu'Atlus n'a pas toujours fait que de la merde ?
Si tu le sais, alors tu auras la joie d'apprendre à cet instant que dans le catalogue de Nippon Ichi Software,
Disgaea n'est pas le premier né.
Il a été précédé de plusieurs titres dont les
Marl Kingdom, des jeux à l'attention du "public en supériorité génétique", qui ont eux-mêmes inspiré le jeu qui m'a déjà bouffé 7h de ma vie :
La Pucelle : Tactics, ou en japonais
Hikari no Seijo Densetsu (La Légende de la Vierge de Lumière) ; pour boucler la boucle, il inspirera grandement
Soul Nomad dont j'ai déjà eu l'occasion de parler.
Dans la ville de Pot au Feu, la jeune nonne Prier et son petit frère Culotte* appartiennent à l'unité d'exorcistes de l'Eglise de la Sainte Vierge : La Pucelle. Ils sont placés sous l'égide de l'intégriste Alouette et du fiable père Salade. Leur mission consiste à traquer toute apparition démoniaque dans le pays, mais chaque membre de l'escouade a ses propres motivations et ses façons de voir les choses. Par exemple, Prier est un garçon manqué à la tête dure qui rêve de devenir la nouvelle Vierge de Lumière, Alouette ne pense et respire qu'à travers les saintes écritures et Culotte espère qu'un jour, sa soeur verra qu'il grandit...
*Le terme "culotte" ne désigne pas uniquement le trésor sous la jupe des filles : c'est aussi le nom du pantalon symbolique de l'Ancien Régime. Le terme a d'ailleurs été popularisé dans les écoles à travers la Révolution de 1789 menée par les "sans-culottes".
La Pucelle : Tactics est, comme son nom l'indique, un Tactical-RPG sorti en 2002. Or, le genre avait déjà connu son heure de gloire sur la PS1 avec des titres légendaires comme
Tactics Ogre (et son clone
Final Fantasy Tactics) ou
Front Mission, et les RPG des débuts de la PS2 étaient pour la plupart de grosses bouses puantes. De quoi augurer du pire pour une nouvelle licence d'un studio encore obscur ! Pour éviter le naufrage, NIS décidera d'assumer jusqu'à l'extrême ses marques de fabrique déjà aperçues dans les
Marl Kingdom : l'humour burlesque et les gameplays dynamiques au tour par tour. Et vous l'avez deviné, jouer à ce jeu en étant francophone rajoute à son epicness... ou à son ridicule, selon les goûts.
Dans une histoire beaucoup moins conne et superficielle qu'il n'y paraît, dotée de splendides piques lancées à l'encontre de la religion et de la soumission à l'autorité, le caractère bien trempé de nos héros nous transporte dans une épopée fantastique où l'on peut s'attendre à tout. Que ce soit de franches rigolades quand Alouette pilonne des crânes ou des crises de larmes quand nous ne parvenons pas à la bonne fin du chapitre, le jeu bénéficie d'une excellente écriture et d'une animation de haute volée, autant dans les cut-scenes que les combats (elle vaut largement celle de
Disgaea 5 sorti sur PS4, soit dit en passant).
La bande-son, quant à elle, est un legs des vertes années de Tenpei Sato, quand il avait encore de l'inspiration. On sent bien passer le brouillon de
Soul Nomad et les accords typiques de
Disgaea dont nous ferons plus tard une indigestion sans rédemption, mais il passe quand même sur
La Pucelle un certain vent frais et doux qui fait du bien aux oreilles.
Le gameplay oscille entre les fondamentaux de
Fire Emblem, aux dégâts mesurés et valorisant la réflexion, et les prémisses de
Disgaea, aux dégâts démesurés et valorisant le farming, avec une petite touche de
Pokémon : il est possible de recruter les monstres ennemis en les haranguant de purification jusqu'à épuisement de leur patience, façon témoin de Jéhova. Si vous voulez jouer en farmant le moins possible, il vous faudra jouer finement : placez vos unités de la meilleure façon possible, pour enchaîner les attaques sur vos cibles, que vous pouvez attirer dans des pièges judicieusement tendus. Jusqu'à 8 personnages peuvent attaquer de concert, avec tout ou partie de leur puissance, ou encore plusieurs fois par tour (un mage peut lancer son sort ET se lancer au CàC dans le même tour). Mais prenez garde, toutefois, à ce que vos positions ne se retournent pas contre vous : si vous pouvez unir vos forces, les ennemis le peuvent aussi !
Si la réflexion n'est pas votre fort, libre à vous de rejouer les maps de nombreuses fois pour monter vos niveaux et vous payer du meilleur matos. Cela passe aussi par des mécaniques de fusion des monstres recrutés avec leur équipement pour crafter des items très puissants, qui donneront un bon boost à un autre personnage.
Vous aurez compris que je recommande fortement ce jeu à tous les types de joueurs, qu'ils soient ou non fans du genre, il y a à boire et à manger (et j'ai assez de mal avec le Tactical en général pour bien peser mes mots). Pour y jouer, vous avez le choix entre la version PS2 qui peut s'avérer rare et recherchée, et la version PSP... qui est restée au Japon et n'a pas été traduite. Enfin, pas officiellement, mais quelques fans ont travaillé sur la question, et ils ont, comment dire... fait le travail à la place de NIS. Hum hum.
Rappelons que si la PSP a mis très longtemps à mourir au Japon, c'est parce que c'est une console qui se code et se décode comme un livre pour enfants, permettant des délais et des coûts de production très attractifs, alors rien d'étonnant à ce que des codeurs amateurs aient pu se pencher sur sa ludothèque.
Et non, je ne mettrai pas de patate à la fin de ce long post.
La nonne la plus cool de l'histoire
Modifié par Wolf, 21 January 2018 à 17:42.