Bien le bonjour à tous !!!
Pour ceux qui se souviennent de moi, je suis toujours en période de sevrage de RPGs pour cause de passage de Capes et donc d'études bien compliquées et pleines de profs qui veulent me pousser à me pendre ("ouiiii, c'est bien, mais ton commentaire stylistique n'évoque pas la prosodie de ce passage, essaye une approche paradygmatique et ce sera à coup sûr plus réflexif". Snif. Pourquoi personne y parle français ici bordel ??? ).
Mais je ne vous oublie pas, compagnons d'infortune et de petits posts délirants, je reviens donc du fin fion de l'enfer capétien pour vous faire partager mon dernier délire, suite à une dissertation laborieuse samedi dernier, et posté sur un forum de lettres que je fréquente assidûment ces temps-ci et qur lequel j'arrive de temps en temps à glisser quelques allusions RPGiennes ou animesques, parfois voire souvent non comprises... Snif. Vous me manquez les gens.
Oyez oyez braves gens !!!
Je m'en vais vous conter ce petit moment intense de dissertation du samedi !!!!
Nous arrivâmes 30 à 10h00 en ce froid matin, nous repartîmes même pas 5 au bout de ces 6 heures de concentration intellectuelle, bibendums perdus sous nos 36 pulls pour cause de chauffage inexistant. Notre cher professeur avait prévu un sujet bien costaud et bien dur, et nous trimâmes désespérément pour comprendre le sujet et tenter d'ébaucher une vague esquisse de plan. Que diantre, nous n'allions pas nous laisser décourager pour si peu !!!
Devant notre résistance héroïque, ledit professeur, suppôt infernal du jury, affûtat ses armes : il se mit à faire des va-et-vient incessants entre son bureau (au fond de la salle) et le couloir, transformant la porte en arme de torture auditive absolue en la claquant violemment à chaque passage... Mais qu'à cela ne tienne votre digne représentante se montra inflexible et imperturbable, et le plan commençait à prendre forme.
De rage, ce vil dévoyé sortit alors l'arme ultime... Tremblez, oui, tremblez, car il s'agissait de... la boîte de salade Saupiquet. N'oubliez jamais, entre les mains du jury, tout objet quotidien peut se révéler arme fatale contre vos nerfs !!!
Oyez donc et que cela vous serve de leçon : après avoir farfouillé 5 bonnes minutes dans sa poche plastique, il dégaina l'index et dans un mouvement enveloppant, saisit d'un coup sec la languette et tira. Blink. Moment de stupeur : dans la main gauche : la boîte, et pendouillant lamentablement au bout de l'index droit : ladite languette. Détachée, rompue, vaincue, alors que la boîte était intacte. Au milieu : un vague air de bataille perdue sur son visage, où passait déjà cependant l'ombre de la planification de sa revanche...
De rage - et plus encore : pour nous déstabiliser, les fous rires nerveux commençant à se faire entendre, quoi de plus normal après plus de 2 heures à batailler avec une citation foireuse - il se mit à attaquer la boîte avec la languette. Avec force petits coups secs et ultra mal faits, il finit par avoir raison de la boîte, à moins que la boîte n'eut raison de lui, puisqu'elle se fit hara-kiri sur son bureau, arrosant copieusement de jus mes feuilles, votre téméraire représentante ayant décidé pour l'occasion de l'affronter les yeux dans les yeux, et donc je fus aux premières loges - et aux premiers jets - de l'explosion.
Fous rires nerveux, larmes aux yeux, non il nous a eus, nous sommes complétement à mille lieues de Pavel et de son avis sur le pourquoi du comment du roman. Mais alors qu'il ramassait à la petite cuillère et engloutissait les morceaux de salade épars sur son bureau, votre folle aventurière de la dissertation sortit son mouchoir, épongea ses feuilles, et se remit au boulot.
Au bout des six heures, je fus fière d'être au nombre des cinq pingouins aux doigts mauves, transie de froid, mais fière de tendre une copie enfin terminée, avec un ultime regard de défi. Il ne m'a pas eue !!! Ils ne nous auront pas !!!
En ce solennel après-midi de pré-vacances de Noël (si si elles arrivent, je relève la tête de l'Ancien François et de Rutebeuf et j'aperçois mon nouvel ami le calendrier...), je propose de monter La Ligue.
La Ligue des Aspirants Capétiens qui n'en veulent, et qui va achever le Jury.
Répétez après moi : "Jury, on te prend, on te retourne, et on t'.... achève !!!!!"
Je me propose donc de lacer mon pourpoint, enfiler mes jambières, affûter les lances, et de narrer ici mes exploits héroïques passés (ou à venir bien entendu), pour que vous puissiez en profiter.
Je ne suis pas seule !!! La Ligue est là pour affronter le jury !!!!!!!!!! Nous vaincrons !!!!!!
J'ai dit.
Note pour plus tard : ne faites pas d'études de lettres. Jamais. Et quand vous voyez un IUFM, changez de chemin. Sont coriaces ces bêtes-là. >__<
Enfin pour tous ceux qui ont un jour connu les affres des longues études (ou qui les connaîtront un jour), voici un petit résumé de ce que vous vivrez le jour maudit où, innocents et candides, vous vous inscrirez en Masters (sujet de votre mémoire : "Les images bibliques dans les suites anonymes du manuscrit machin trouvé à Schtroumphlabidru et jamais traduit, ce qui sera bien évidemment fait par vos soins", voire "la reproduction du castor sauvage canadien en laponie, avec études sur place et tout le tsintouin, prévoir des pulls et des moufles. Beaucoup de moufles."
Qu'est-ce que la Recherche en Lettres??? Qu'est-ce qu'un Masters de Lettres ???
1er aperçu : le directeur de thèse: C'est souvent ton directeur de masters donc bon... il est supposé être très fort mais en vrai t'es souvent plus fort que lui sur l'auteur sur lequel tu bosses donc il t'aide un peu mais pas trop. Sans compter qu'il doit s'occuper de plein d'autres étudiants et de ses colloques, et de ses publications, et de son chien. En plus tu dois batailler pour le sujet et l'auteur car il préfère que ça colle bien avec SES projets persos histoire de bien mettre en valeur SON centre de recherche.
La recherche: Le compliqué là-dedans c'est de se fader des kilos de bouquins dont un bon tiers est ennuyeux, et un autre fait mal à la tête (proportions optimistes).
"On peut passer des heures et des heures à chercher sans rien trouver": car on a déjà trouvé pas mal de choses en masters et que le reste a été trouvé par d'autres, si bien que la gageure consiste à redire pareil mais autrement, ce qui est fort peu excitant, convenons-en.
Vos parents s'inquiètent, principalement car vos emplois pour financer cette thèse sont précaires (surtout si vous avez eu l'incongruité d'être contractuel d'enseignement en France dans les années 2000) et que les débouchés sont à peu près nuls car la recherche, et particulièrement en lettres, est bien la chose la plus inutile du monde (surtout en france dans les années 2000).
Vous n'avez rien à vendre, vous êtes simplement un inutile parasite, et à l'ANPE et chez les AS on vous dit "mais faites serveuse! laissez tomber cette thèse si vous ne pouvez pas payer votre loyer! en tant que célibataire sans enfant vous n'avez droit à rien et votre carte d'étudiant vous empêche de percevoir le RMI... c'est bien dommage, allons allons... soyons sérieux voulez-vous".
La découverte, enfin !!! Ah ben non. C'est "Le découvert" qu'on dit en bon françois. Puisque déjà vu.
Le côté exotique : les séminaires. L'on s'y rend parfois, lorsqu'on n'est pas retenu au bahut, ou lorsque les effets secondaires indésirables post-journée de bahut (dans le désordre et de manière non exhaustive: fatigue des heures en voiture, fatigue de l'énergie à causer dans le vent, fatigue des cordes vocales, fatigue intellectuelle de la trop longue exposition à l'analphabétisme-france-années 2000...).
Lorsque l'on s'y rend, donc, on se fade de longues communications très inégales dans l'ensemble (un tiers ennuyeuses à crever, un tiers chiantes à pleurer - proportions optimisées un max), et l'on se dit: "que n'ai-je plutôt fait des études de mécanique (ou d'électronique, ou de plomberie), au moins y'a de l'action, c'est utile, et on ne parle pas pour ne rien dire... parce que là, comme dirait l'autre: "oscour!"".
Le match final : la soutenance... Il s'agit de se faire charcuter environ 4 heures par un jury de pontes plus ou moins spécialistes de votre auteur, et plus ou moins bien disposés à l'égard de votre génial, révolutionnaire, et par voie de fait insultant travail, et plus ou moins bien disposés à l'égard de votre directeur de recherche ou d'un autre jury (rapport à une vieille histoire de communication non rendue dans les délais au colloque de Schtroumphlabidru tout ça...). Face à 5 ou 6 vieux tableaux sur une estrade, vous en bas, tout petit tout seul sur votre minuscule chaise et les épaules dévorées par le public venu assister à la mise à mort, assis en rangs serrés quelques mètres derrière vous: vous devez vous défendre, vous justifier etc... vous êtes bien chez Kafka.
En résumé vous perdez quelques kilos de flotte et pas mal de neurones dans le stress de l'action, vous tremblez et bafouillez devant (enfin dos à) vos meilleurs amis et vos parents, et vous manquez vous effondrer au moment du verdict ("aurai-je l'unanimité ou paaaaaaaas?????? Lambert aura-t-il voulu faire payer à Lificoté cette vieille histoire de défection au colloque de...!!!! et argh!"), ce qui n'est pas class du tout.
Après votre directeur, cette vieille crapule, vient vous embrasser et vous partez au buffet engloutir quelques plateaux de petits fours et boire pour oublier cet atroce moment qui vous aura juste ouvert le droit, après des années de sacrifices, de pointer au chômage et de vous décarcasser encore mille ans afin de décrocher un quelconque poste de maître de conférence, mais pas tout de suite, va falloir réécrire la thèse en vue de la publication et lécher des mocassins pour participer à des colloques (encore!).
Au final, la gloire !!! Ah ben non. En fait, tiens, je connais pas ce bouquin... c'est de qui? ou c'est un feuilleton?
En espérant vous avoir fait au moins un peu sourire en ces mornes et longues journées d'hiver !!!
Bye, et à plus tard !!!
~Luna, la traumatisée presque sevrée.
"J'ai apporté une branche du pommier d'Emain, avec des ramilles d'argent blanc et des fleurs de cristal."
----------------------------------
"Toi et moi contre les imbéciles !"