Posté 10 September 2015 à 19:40
Terminé l'aventure principale de Phantom Brave : The Hermuda Triangle. J'ai tellement de choses à en dire que je ne sais pas par où commencer. Je vous prie donc de m'excuser par avance si ce message s'avère confus ou trop long, et au pire, je vous dirige vers le dernier paragraphe qui en fera la synthèse.
Le scénario se cherche dans des détours d'une cruauté avérée pendant la moitié de l'histoire et c'est à coucher dans ses qualités. Outre que j'approuve cette narration par à-coups quand on suit le quotidien des indépendants (tout comme Soulless Army) je ne compte plus combien de fois je me suis senti mal à en crever pour Marona, personnage très attachant d'ailleurs. Et je ne compte pas davantage le nombre de bourre-pifs que j'aurais foutu à Walnut s'il avait été en face de moi. C'est vraiment Monsieur Fils de Pute.
Par contre, la seconde moitié où on suit les traces de Sulphur m'a profondément ennuyé. Rien à faire, heureusement que l'écriture des dialogues et les conditions des combats me maintenaient la motivation en place.
Les graphismes du jeu ont ce souci inhérent aux titres NIS : si on aime pas, on aime pas. Mais si on aime, on aime. Calculez pas. J'appartiens heureusement à la seconde catégorie et j'ajoute pour cette raison que Phantom Brave est sans doute l'une des plus grosses claques que je me sois prises de la part de ce studio, surtout les plans larges des villes qui grouillent de vie et les couleurs maritimes chatoyantes. C'est beau, putain. Mais si on cale sur la 2D, le pixel et l'isométrique, pas la peine. Ca n'ira pas mieux avec le temps.
La bande-son du jeu montre que Tenpei Sato a un peu le même problème que Sakuraba : peu importe sur quoi il travaille, peu importe la qualté du résultat (parce que cette bande-son est de très bonne qualité, faut dire) Sato fait du Sato. Ses accords, ses rythmiques et ses recours au violon (dont il reste pourtant un maître) ou à la guitare électrique sont spotted dès les premières secondes. On ne s'y trompe pas ici, d'autant qu'à mesure qu'on approche de la fin, on sent que lui-même en avait marre. Il a carrément fini par s'auto-pomper en reprenant des sonorités typiquement disgaeannes, en particulier le boss de fin. Plus spotted tu meurs.
Le doublage est assez uniforme, qu'il soit anglais ou japonais, on y croit et les doubleurs collent assez bien aux personnages. On évite donc certains écueils comme dans les Disgaea. Bien sûr, à titre personnel et par confort personnel, je m'en tiendrai toujours tant que possible au japonais. Je préfère biter un mot sur quarante que de me retrouver à me demander si les doubleurs en ont quelque chose à foutre, même si je comprends ce qu'ils disent. Mais si vous êtes partisan de l'anglais, ce jeu se défend assez bien pour qu'on n'y perde pas trop au change.
Le gameplay est tellement complexe qu'une partie est très loin de suffire à tout maîtriser. On peut jouer avec ou sans arme, en combo avec les personnages ou les ennemis eux-même, les placements et déplacements demandent de la réflexion. Comparé aux Disgaea qui ne sont, globalement, que des expériences mathématiques d'optimisation à dimension punitive avérée (panpan boumboum OHKO) Phantom Brave est un jeu tactique mais dynamique. Certes, il ne va pas sans quelques errances du genre la hauteur qui ruine l'estimation des distances, mais il met le cerveau à contribution sans se montrer injuste et sadique comme un certain Tactics Ogre. D'autant plus que les ennemis bénéficient d'une IA relativement forte, ils savent se placer de manière efficiente et tenter d'augmenter leurs forces tout en diminuant celles du joueur.
Les missions sont parfois décourageantes d'apparence du fait des Protections et leurs effets autrement plus chiants que les Geo Panels. Mais avec un peu de réflexion et de patience, plus un peu de farming si le besoin s'en fait sentir, on arrive toujours à s'en sortir. Mais plus on approche de la fin, plus on glisse vers du pur OHKO où Force, Intelligence et Vitesse seront vos meilleurs amis, ce qui est à la fois bandant et regrettable.
La difficulté des missions principales a tendance à faire le yoyo et certains caps sont très durs à surmonter, je pense notamment aux épisodes 7 et 8 qui ont bien failli me faire renoncer au jeu. On n'échappe pas non à la mission intermédiaire tellement chaude que le boss en semble tout faiblard en comparaison. Décidément, l'équilibrage, c'est une notion que les développeurs voient de bien curieuse façon. S'y ajoute un mode "donjon random" qui est effectivement d'un random pas croyable. Tellement random qu'au bout d'un temps, chaque étage se passe la peur au ventre, on n'est jamais à l'abri d'un scaling de la mort qui rend les monstres ingérables.
Même si je n'oublie pas de le démonter sur certains détails (en particulier son équilibrage assez calamiteux et une fainéantise affichée sur les derniers épisodes) je n'en décrète pas moins que Phantom Brave est sans doute le meilleur jeu que j'ai fait en 2015. Un jeu tactique, grisant et réfléchi, une histoire dure mais prenante, des héros vraiment attachants et des méchants vraiment détestables, une bande-son parfaitement adaptée au ton, au moment et à l'univers, vraiment, du bon, du bon et encore du bon. Je lui décerne donc un 17/20 bien mérité. Et de vous encourager à brancher votre PSP ou votre Vita au PSN pour aller vous le procurer, pour la modique somme de 10$. On se dépêche, vous me remercierez plus tard !
